vendredi 1 août 2008

Des joies simples

Porte sculptee a Indira Nagar


Aujourd'hui, jour faste, j'ai pu manger autre chose que des nouilles lyophilisees, et j'ai achete des rideaux. Je me sens enfin un peu plus chez moi... comme quoi, des fois, il ne faut vraiment pas grand chose ;).
Il faut dire que chaque petite chose devient une aventure ici. Si nos nerfs d'europeens peuvent en prendre un coup au debut (et ceux qui me connaissent pourront attester que je ne suis pas la meilleure en zenittude), on redecouvre vite les joies simples :
1. Trouver par miracle des boites de thon en conserve au milieu d'aliments "frais-perimes" depuis mathusalem et de rayons colonises par nos amis les cafards.
2. Trouver, par miracle encore, deux ouvre-boites oublies a cote d'une caisse, et decouvrir avec delectation que l'un d'entre eux n'est meme pas rouille. Acheter l'ouvre boite (le pas rouille hein).
3. Ouvrir la boite de thon (bien nettoyer l'ouvre boite et la boite avant, les cafards sont passes par la) et etre soulage que ca ressemble bien a du thon.
4. Ouvrir un paquet de riz, le verifier et se rejouir qu'il n'y a pas de vers ou d'autres bestioles a l'interieur (merci Julie de ce conseil pertinent...).
5. Redecouvrir que la vraie facon de faire cuire du riz, c'est de le rincer, de le drainer, puis de le rincer encore, puis de le faire bouillir/cuire pendant trente minutes, puis de vider l'eau, de le rincer et de le vider encore. Se trouver tres con et trop europeenne en repensant a son riz deux minutes micro ondes Uncle Bens.
6. Preparer les oeufs durs. Se rejouir si pas deja fait de la presence de l'ami le filtre a eau qui est tout de meme bien pratique (et en plus, il fait de la musique quand on le fait fonctionner).
7. Se regaler avec sa salade riz basmati-thon-oeufs-coriandre qui ne vous demonte pas l'estomac comme le curry du restaurant en face (allez j'exagere, il y a de tres bons et tres varies restaurants a Bangalore).

Non vraiment, s'installer en Inde, ca n'a pas de prix. La vie devient une succession de petits moments ami ricore... tout comme lorsque le plafond de votre douche vous tombe sur la tete a cause d'une fuite du chauffe eau.
Il n'empeche que ca fait du bien d'ouvrir les yeux, meme un petit peu - j'ai bien conscience que nous sommes tout de meme dans un milieu privilegie et over-protege - et je suis prete a me taper encore quelques crises d'allergie bien trempees pour pouvoir vivre tout ca. Aller me balader dans Bangalore apres mes trois jours de confinement m'a aussi permis de souffler et relativiser. L'Inde est la apres tout, et meme si je vais en chier, il y a tellement a voir et a faire, tellement a apprendre. L'expedition supermarche a ete ma premiere sortie seule dans le grand monde indien, et si j'avoue que je n'en menais pas vraiment large en rentrant par nuit quasiment noire sur environ... oulah 5 minutes de trajet a pied, les regards etaient intrigues mais pas hostiles, et les sourires presque toujours rendus.
La sortie d'aujourd'hui etait nettement plus "expat-style" derriere les vitres teintees de notre driver, Ravi. Au menu, recherche active de tout ce qui pourrait nous faire sentir un peu plus chez nous: les couples fantasmaient sur de beaux meubles en bois, personnellement, j'avais jete toute mon attention sur des rideaux, un tapis pour l'entree et des torchons pour la cuisine. Je commence a sentir que j'aurai probablement une experience tres differente de l'Inde : comme partir ici en ayant une petite sante n'etait deja pas forcement la meilleure idee, je comprend tout doucement qu'il va falloir que je revoie mon style de vie ; toujours privilegier le cote pratique au cote esthetique, et surtout faire au plus simple et au plus rapide. Pour l'instant je suis assez contente : en deux jours, j'ai trouve de quoi rendre mon appartement viable a la fois physiquement (j'ai tout ce qu'il faut pour nettoyer et cuisiner, reste le probleme de la machine a laver a regler) et moralement (ces rideaux me changent la vie, je vais enfin pouvoir prendre mon cafe le matin sans me faire epier par les ouvriers !). Important car vu comment je crachais mes poumons a mon retour de Bangalore, il va aussi falloir que je revoie mon planning de voyage...
Enfin bon, always look on the bright side of life, comme ils disaient. Une grosse peur au debut, ca ne peut que se transformer en de bons souvenirs apres, non ?

1 commentaire:

Jori a dit…

Je pense que lorsque tu reviendras en France, le simple fait de manger un camembert va te faire pleurer de bonheur :X

Les rideaux qui changent une vie, je confirme, tout de suite c'est plus accueillant.